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Gaël Metroz Parle de Sadhu...

Un très beau film documentaire qui sortira en salles le 06 novembre prochain.

 

Pourquoi un film ? Les images parlent d’elles-mêmes.

 

Pourquoi un documentaire ? Parce que c’est du vécu…

 

Né à Darjeeling, en Inde, issu d’une famille bourgeoise, Suraj a tout quitté pour mener la vie dépouillée du Sâdhu (Saint Homme en sanskrit), dans une totale solitude et dans une grotte nichée à 3200 mètres au cœur de l’Himalaya, pendant 8 ans.

 

Après quoi, il a pris le risque de s’immerger dans une foule immense, en participant à la Kumbha Mela qui réunit tous les 12 ans plus de 70 millions de pèlerins au bord du Gange.

 

Ce qui découle de cette décision ne peut pas, on s’en doute être anodin.

 

On le découvrira donc via les yeux et les oreilles du réalisateur suisse Gaël Metroz (aussi Directeur de la Photographie et Ingénieur du son) qui a pris son temps pour extraire toute la substance d’une telle expérience : des centaines d’heures de rush, montés par Thomas Bachmann.

 

La bande son a été confiée au jeune compositeur Julien Pouget qui a fait appel à un joueur de sitar prénommé Orindam « maîtrisant le répertoire de musique classique indienne à la perfection. », auquel se sont joint Stéphane Montangéro, qui a étudié les tablas en Inde et Florian Alter, violoniste virtuose, tous deux valaisans. Le compositeur y a apporté ses propres « idées teintées de blues et de rock ».

 

Les atouts de ce film :

 

Des images qui vous prennent à l’estomac.

L’atypicité de ce Sâdhu qu’est Suraj…

La vision de l’intérieur, loin des clichés réducteurs, dont celui du sâdhu, forcément heureux d’avoir fait le bon choix (titre complet : « Suraj Baba, seeker of truth »)

 

La force d’un témoignage pour lequel, il a fallu œuvrer de patience : pendant six ans, Gaël Metroz a rencontré de nombreux sâdhus sur les routes de l’Inde et du Népal, effectué plusieurs pèlerinages à leurs côtés, avant de retrouver Suraj dans sa grotte près duquel il a tenu à rester seul, sans équipe technique…

Ensuite, il a fallu beaucoup de douceur et d’intelligence, pour apprivoiser cet homme au verbe rare…

Licencié en littérature française, philosophie et histoire de l’Art, Gaël Métroz a déjà reçu plusieurs prix dont le Golden Gate Award au Festival international du film de San Francisco, pour son film « Nomad’s Land, Sur les traces de Nicolas Bouvier » (2008).

 

Nous l’avons rencontré ….

 

Gaël METROZ, les français attendent impatiemment la sortie de votre magnifique documentaire « SÂDHU », qui doit avoir lieu le 06 novembre prochain. Pour les faire patienter, nous avons souhaité vous poser quelques questions…

 

L’INDE C’EST DU CINEMA

 

De la couleur, du son, du mouvement… On a l’impression que le cinéma ne pouvait naître qu’en Inde… Il est né en Amérique, mais l’Inde aujourd’hui, est en effet le premier producteur de longs métrages au monde, avec plus de 1200 nouveaux films par an.

-A la source du vôtre, y a-t-il d’abord l’envie de porter ce pays fascinant à l’écran ou le désir de répondre à certaines aspirations de vos contemporains, en quête de spiritualité ?

Gaël Metroz : – L’Inde m’a toujours fasciné, autant pour son aspect de capharnaüm bigarré que pour sa spiritualité. Mais, pour Sâdhu, ce qui me fascinait, c’était de découvrir de l’intérieur un de ces grands sages inaccessibles. Non pas dans ce qu’ils ont de mythique – l’image d’Epinal du yogi à la longue barbe et à la toge orange – mais dans leur doute, dans leur questionnement très humain sur leurs difficultés, leur isolement, leurs vœux de pauvreté extrême, de chasteté…

 

UNE TERRE DE CONTRASTES

 

Anurag Basu, l’auteur du film « Barfi! », dit que le cinéma en Inde est un des meilleurs facteurs de cohésion sociale (dans les salles, plus de distinctions de castes). Mais qu’en revanche, il existe à l’intérieur du pays une multitude de cultures et de langues auxquelles le cinéaste doit s’adapter.

– Paradoxalement, un cinéaste étranger rencontre peut-être moins de difficultés ?

G.M : – C’était fascinant de voir, en Inde, les enfants de la rue travailler – ou voler – toute la semaine pour s’acheter un billet pour la sortie en salle du nouveau Bollywood. À l’écran, il n’y a pas non plus de distinction de castes car il s’agit principalement de personnages richissimes qui doivent justement faire rêver le reste de l’Inde. En tant que cinéaste, on est vite divinisé en Inde suite au culte qu’ils font de Bollywood. Mais, durant ces 18 mois de tournage, j’étais principalement avec des sâdhus qui n’avaient aucun intérêt ni pour le cinéma ni pour ma caméra. Mon travail, avant tout, était de devenir un ami, et de recueillir leur confidences.

 

QUI EST SURAJ BABA ?

 

« Il n’y a que le méchant qui soit seul » disait Diderot. Ce que Rousseau a (mal) pris pour lui…

-Pensez-vous, comme lui et beaucoup d’autres qu’il y a un peu de misanthropie dans le fait de se retirer loin des hommes pendant 8 ans ?

G.M : – Il y a effectivement un idéal qui peut être proche du rousseauisme chez les sâdhus – la paranoïa en moins. Pour eux comme pour les ermites en général, la société peut effectivement avoir des effets pervers. Après, chaque sâdhu a son histoire. Suraj a bien connu le monde : il était un bon étudiant à Darjeeling, passionné de littérature et de philosophie,et il jouait dans un groupe de rock et soudain, après la mort de sa mère et l’assassinat de son père, son monde a basculé. Mais il n’avait pas que de la fuite dans les idées, il s’est surtout isolé pour se construire une vie plus centrée sur le yoga et la méditation… jusqu’à ce que nos routes se croisent.

 

UN PENCHANT POUR L’EXTRÊME

 

Passer de 8 ans d’ermitage dans l’Himalaya à ce bain de foule vertigineux qu’est la Kumbla Mela…Le changement est radical !

Vous auriez pu choisir de suivre un navigateur solitaire, un conquérant de l’Everest. Jusqu’ici, c’était plutôt le voyage,le nomadisme,l’errance qui vous intéressait (Nicolas Bouvier, les Quashqaï’s, Rimbaud… )

-Qu’est-ce qui vous touche le plus dans cette expérience de Suraj Baba ?

G.M : – Dans NOMAD’S LAND, j’étais déjà en quête de dépouillement dans le continent asiatique. Et les sâdhus sont sans doute l’exemple le plus extrême de ce dépouillement. Je me suis toujours demandé si, avec moins, on vit forcément mieux. Suraj n’a jamais donné de solution toutes faites : c’est cela que j’ai admiré. Plutôt que de s’en tenir à un adage, aux préceptes religieux ou à ses propres convictions, il est éternellement en quête. Voilà le vrai sâdhu pour moi, celui qui a la force de douter.

 

UN METIER A RISQUES

 

Pour réaliser ce film, vous vous êtes « immergé » plusieurs années dans l’univers sâdhu. Dans un pays si différent et si éloigné du vôtre (la Suisse), et à l’intérieur d’une communauté si atypique, vous avez forcément traversé des épreuves à tous les niveaux.

-Aimeriez-vous nous en conter quelques-unes ?

G.M : – Je n’ai pas pu partir avec une équipe de tournage : Suraj aurait été écrasé par tant de personnes. Alors il a fallu que je fasse le son, l’image et la réalisation. Mais j’avais le temps. 18 mois ont suffi. La grande difficulté était plutôt de suivre le mode de vie des sâdhus ! Vivre sans viande, sans alcool, sans moyen de communiquer avec l’occident, marcher sur des routes aléatoires avec la seule foi des autres pour guide. Dans la Kumbha Mela, tout le monde me prenait pour le disciple de Suraj, ce qui m’arrangeait bien et redorait son blason. Mais on a toujours été un tandem. Depuis le premier hiver que j’ai passé dans sa grotte, il est devenu un ami plutôt qu’un protagoniste.

 

VOS INFLUENCES CINEMATOGRAPHIQUES

 

-Avez-vous plus ou moins pensé à L’Enfant sauvage de Truffaut, en concevant ce film?

Car si les conditions sont différentes (l’enfant attardé vs l’homme cultivé) et les parcours croisés (le premier s’initie à la civilisation, le second la quitte pour un temps), certaines relations de cause à effet sont les mêmes comme la perte du langage liée à l’isolement.

G.M : – C’est drôle, je n’y avais pas du tout pensé ! Comme j’ai simplement suivi Suraj, le scénario était celui de la vie, celui du hasard des jours et des routes. Mais, lorsque l’on est parti vers le Mustang et que, à mesure que l’on s’élevait dans l’Himalaya, Suraj devenait de plus en plus silencieux, j’ai plutôt pensé à la Ballade de Narayama (Shohei Imamura).

 

UN SAGE QUI NE VEUT PLUS L’ÊTRE ?

 

Plus encore que l’expérience du sâdhu, c’est ce renoncement qui semble vous avoir intéressé. Souhaitiez-vous vous inscrire en marge d’un discours actuel, qui peut paraître un peu lénifiant s’il devient trop consensuel (techniques bien être, équilibre, travail sur soi etc ) ?

G.M : – Après plusieurs années passées en Inde, j’ai été un peu fatigué de l’image désincarnée que l’on donne de l’Inde et de sa mystique. Je ne voulais pas d’un sâdhu qui médite pour la caméra durant les 90 minutes d’un long métrage. Ce qui m’intéresse, c’est l’homme là-dessous, ses questions, ses incohérences qui le rendent d’ailleurs plus profond. J’aime que Suraj mette un cadenas à sa grotte lorsqu’il la quitte. J’aime qu’il soit désabusé par la foire de la Kumbha Mela et qu’il se saoule en regardant les filles. Cela n’enlève rien à son choix, ça en montre justement la difficulté.

 

L’ ILLUMINATION

 

-N’est-ce pas cet « euréka » (la Moksha pour les Sadhus) qui lui permet de revenir, justement ? Qui lui rend le monde plus compréhensible et donc plus supportable ?

G.M : – Pour moi, le monde ne doit pas être plus soutenable, il doit être une grande fête – et si j’ai la chance d’avoir une réincarnation, ça va barder plus encore. C’est mon côté Kusturica. Suraj partage en partie cet aspect dionysiaque, qu’il mâtine avec des moments de pure enfance, et d’autre de crises bien plus rationnelles. Le paradoxe est que les sâdhus – mais pas les yogis – font tout pour être de purs esprits. Ils s’imposent des mortifications (tapasia) et regrettent leur incarnation. Mais, pour Suraj – qui est aussi yogi – un sâdhu doit être à la fois hors et dans le monde. C’est là toute la difficulté.

 

LA VERITE

 

Le sous-titre de votre film est « Seeker of truth ». -Diriez-vous qu’un cinéaste cherche et construit lui aussi sa vérité film après film ?

G.M :- J’ai lâché le journalisme car j’ai beaucoup de peine avec le terme « vérité ». Mais, effectivement, je profite de mes films pour trouver des réponses. Lorsque je rentre d’un tournage, la question a d’ailleurs souvent disparu et fait place à d’autres.

 

LE CINEMA INDIEN EN FRANCE

 

Aujourd’hui tout le monde connaît Bollywood. Les français les plus cinéphiles ont vu tous les films de Satyajit Ray…

– Qu’en est-il de tout le reste de la production ? (un millier de nouveaux films par an !)

-Comment se fait-il que nous n’en connaissions pas d’avantage ?

G.M :- Le cinéma Bollywood est produit majoritairement pour les indiens – qui sont tout de même un milliard. Il a pour but de les faire rêver et les sortir de leur quotidien. Les productions qui abordent des sujets plus grinçants où qui tentent des approches moins attendues marchent moins bien en Inde, et généralement mieux ici.

 

GAËL METROZ SPECTATEUR

 

-Nous imaginons bien que vous êtes cinéphile. Mais êtes-vous également « cinéphage » ?

G.M :- Je bouffe tout ce que je peux. Plus rarement en voyage et en tournage, mais, de retour en Europe, je vois une cinquantaine de films par mois, des anciens, des séries, des grands trucs pompeux, des petites pépites. Je suis un spectateur qui pardonne tout tant qu’on respecte la magie du cinéma.

 

LES PROJETS DE GAEL METROZ

 

-Généralement, comment les ébauchez vous ?

Autour d’un thème, d’une personnalité ? Plusieurs projets prennent-ils forme en même temps, que vous réalisez ensuite l’un après l’autre ?

Ou certaines idées surgissent elles pendant un tournage qui donneront lieu plus tard à d’autres histoires, totalement différentes ?

G.M :- Oui, j’ai toujours mon lot d’idées, de rêves, de scénarios qui grandit sans cesse. Lorsqu’un film s’achève un autre en profite généralement pour éclore. J’aime a penser que je peux continuer à réaliser mes rêves : traverser l’Asie avec les nomades, vivre avec un sâdhu, acheter un âne et traverser le désert du Soudan. Parfois, c’est un documentaire qui devient pressant, comme avec la Kumbha Mela de 2010 qui a accéléré le tournage de Sâdhu, parfois c’est un scénario de fiction comme ces jours. Le jour où j’aurai l’impression de travailler en réalisant, je changerai de métier.

 

Merci Gaël

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